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Ebook – Ne refaisons pas les mêmes erreurs

J’observe depuis quelques temps le marché de l’ebook se développer et je dois dire que je me pose pas mal de questions… En effet, j’ai l’impression que les éditeurs se lancent sur la même voie sans issue sur l’industrie de la musique. J’ai profondément beaucoup d’amour pour les livres et les auteurs et c’est de loin le « produit culturel » que je préfère, bien avant le CD ou le DVD.

Le Kindle d’Amazon, le FnacBook et tous les autres ebouquins commencent à se démocratiser comme l’a été à son époque le balladeur MP3. Je pense que Noël 2011 marquera l’arrivée de l’ebook dans toutes les familles. Certains diront « Moi je préfère le papier« , comme d’autres ont dit « Je préfère le son pur d’un CD » mais le fait est, que la dématérialisation des livres va s’accélérer. Du coup, ça serait vraiment dommage que les éditeurs et les auteurs « se plantent » comme l’a fait l’industrie de la musique ou du cinéma. Apprenons de leurs erreurs…

Voici donc quelques modestes conseils du simple acheteur de livres (électroniques ou papier) que je suis, qui a suivi de près le passage au numérique des industries musicales et cinématographiques.

Tout d’abord, le PIRATAGE ! Sachez-le, il sera impossible à empêcher. Des milliers de livres en français sont déjà disponibles sur tout un tas de sites plus ou moins underground. Il ne servira à rien de mettre des DRM sur vos livres car par essence, tout ce qui est numérique est piratable d’une manière ou d’une autre. En plaçant des DRM dans vos livres, vous ne ferez qu’augmenter la dose de problèmes techniques rencontrés par les acheteurs qui au final se tourneront vers le téléchargement illégal pour obtenir une oeuvre compatible avec leur reader. Ne les incitez pas à prendre ces mauvaises habitudes car une fois que les gens auront acquis le réflexe de pirater des livres plutôt que de les acheter, vous pourrez les donner gratos, ça n’empêchera plus le téléchargement illégal. Il sera trop tard !

Couverture de l'ebook Ne refaisons pas les mêmes erreurs

Enfin, si vous vous faites pirater un livre, n’en faites pas une maladie car cela aidera à votre promo. On a eu des exemples très concrets d’auteurs qui ont décollé suite à un piratage de leur livre.

Graphique illustrant les erreurs les plus courantes en marketing digital
Autre facteur favorisant le piratage : l’offre ! Actuellement, l’offre ebook en français est encore très pauvre. Certains livres n’existent pas au format électronique, et il faut se rabattre sur le téléchargement illégal pour trouver un ePub « fabriqué » par un mec dans sa chambre, qui a scanné le vrai bouquin. Si vous devez sortir un livre, sortez sa version électronique en même temps (ou avant) ! N’attendez pas 1 jour de plus car vous perdrez des acheteurs. Je place beaucoup d’espoirs dans la Fnac et Amazon qui je l’espère boosteront l’offre électronique en version française, mais soyez en sûr, au bout d’un moment, ils deviendront les iTunes du bouquin et vous perdrez un peu de votre liberté.

Photo d'un employé tenant un livre ouvert

Essayez donc de conserver votre indépendance et libérez vos livres dès que possible. Ne devenez pas otage d’Amazon ou de la Fnac et proposez vos livres à un maximum de plateformes de vente dans un maximum de formats. N’hésitez pas à vendre aussi directement sur votre site vos livres et s’il le faut, montez vos propres distributeurs alternatifs si vous en ressentez le besoin. Il faut qu’en tant qu’auteur, vous soyez partout sur le net afin de sécuriser un maximum de ventes.

Autre facteur pour endiguer le piratage : Le prix ! Sur Amazon, comme sur la Fnac, je vois beaucoup d’ebooks au même prix que la version papier, voir même plus chers… Je sais que vous avez passé beaucoup de temps à écrire ce livre, qu’il est votre bébé et que vous ne voulez pas le brader, mais le fait est, que psychologiquement parlant, il est très difficile pour un acheteur de mettre la même somme dans un ebook que dans un livre papier. Le format électronique a une image un peu cheap car il n’a rien coûté en matière premières, que vous pouvez le reproduire jusqu’à l’infini et surtout que l’acheteur n’a rien de concret dans les mains. Ça conserve un goût de virtuel. Oubliez donc la vente de livre au dessus de 5 euros… Je sais, ça fait mal, mais je pense qu’il vaut mieux vendre 3 millions de livres électroniques à 3 euros que 200 000 à 20 euros. N’oubliez pas que ça ne vous coutera rien chez l’imprimeur, donc ça fait moins de frais au final.

Capture d'écran d'un site web avec des erreurs de conception

On est d’accord, vous êtes écrivain par passion, et vous voulez en vivre convenablement. Ne faites pas comme ces artistes qui pensent pouvoir vivre pendant 20 ans d’une vente d’albums et autres royalties. Ces derniers tombent de leur perchoir lorsqu’on leur explique que ce temps est révolu et qu’il vont devoir bosser comme tout le monde, c’est à dire, tous les jours, à faire des concerts, à jouer ou composer des chansons, et qu’ils ne finiront pas multi-millionnaires mais qu’ils vivront quand même très bien de leur passion. Le droit d’auteur va redevenir un lien de paternité entre l’artiste et sa création et plus une pompe à fric, que vous le vouliez ou non. Habituez-vous à cette idée.

Image d'une personne en train de travailler sur un ordinateur

Enfin, dernier conseil, ne vous faites pas prendre au piège. Je sais que vous aimez beaucoup votre éditeur car c’est un chic type que vous connaissez depuis longtemps mais pour tout ce qui est techno, il est peut-être un peu old school. Attention à ce qu’il ne vous entraine pas dans le fond avec lui. Car comme les majors de la musique, les éditeurs risquent de battre un peu de l’aile s’il ne négocient pas bien leur virage. Le livre électronique est là, et les ventes d’ebooks dépassent déjà les ventes de versions papier. Il faut donc mettre le paquet sur une offre attractive, des catalogues bien fournis, des prix abordables, des formats ouverts pour qu’au final, les gens fassent la migration livre -> ebouquin sans passer par la case téléchargement illégal qui risque d’être votre Vietnam si vous vous accrochez au passé.

Il y a du boulot mais n’oubliez pas que ce qui compte au final, c’est l’écrivain et ce qu’il a écrit dans son livre. Le format importe peu. Mettez le paquet sur votre « personnal branding » comme on dit, faites vous connaitre, faites connaitre vos livres, quitte à offrir pendant un temps certains de vos livres pour faire un peu de buzz et vous faire découvrir des gens. La clé du succès réside dans le nombre de « fans » que vous aurez… Peu importe qu’il vous téléchargent légalement ou illégalement. C’est la taille de cette galaxie de personnes qui parleront de vous et feront connaitre vos oeuvres, qui compte. Ne perdez pas votre temps et votre énergie à combattre le piratage, et concentrez vous plutôt sur votre art. Et au final, vous verrez, l’argent suivra d’une manière ou d’une autre.

Bref, je vous souhaite bonne chance dans cette nouvelle aventure, en espérant que ça se passera mieux pour vous que pour les amis de la musique ou du cinéma. Les derniers impactés seront probablement la presse magazine, qui a eu un avant goût de la chose avec l’iPad mais qui devrait voir débarquer le problème en même temps que la démocratisation des ebooks couleurs.

Petite parenthèse pour conclure, si vous aimez d’ailleurs l’actu autour de ce thème, je vous recommande l’excellent blog ebouquin.fr qui est une référence sur le sujet.

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